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Travail d'art populaire paléolithique

Outil archéologique préhistorique
Grand silex taillé, hache taillée / hachereau
Grès
Support d'exposition en acier patiné rouillé

Sahara
Époque acheuléenne, paléolithique inférieur (1,7 à 0,3 Millions d'années)

Pièce unique

Dimensions
H 20 x L 8 cm / plaque H 30 x L 10 cm

Condition
Très bon état

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Cet ensemble est présentée dans le cadre de l'exposition en ligne Le chant du monde, métamorphoses du vrai, deuxième chapitre de notre cycle Forme(s) simple(s).

Cette pièce, étonnante dans notre collection, est néanmoins une parfaite illustration de ce qui se trouve au cœur de ce deuxième chapitre. Cette simple pierre a été taillée par la main humaine il y a un temps vertigineux, quelque chose comme un million d'années environ.
Si la recherche en matière d'artisanat du vingtième siècle prend parfois des allures de recherche archéologique devant l'absence conjuguée d'historiographies et de témoignages vivants, il faut avouer que le matériel réellement archéologique m'a toujours passionné parce qu'il est le seuil d'un lâcher-prise, d'un vertige qui reconfigure sans cesse notre perception de l'idée d'art.
L’imaginaire qui découle de la préhistoire déborde largement sa définition scientifique , rattachée au seul développement des cultures humaines, des premiers outils à l’invention de l’écriture. Comme le dit merveilleusement Rémi Labrusse dans son remarquable ouvrage Préhistoire, l'envers du temps, "Sous la lumière noire des incessantes mutations de la vie et d’une possible fin des mondes humains, les repères chronologiques se brouillent, mettant sens dessus dessous le passé, le présent et le futur. Le temps compté, celui d’une vision historique totalisante, pèse brusquement moins lourd que l’immémorial."
Ce vertige nous habite aujourd’hui plus que jamais et ce que nous pouvons percevoir comme art semble un miracle, l'expression toujours-déjà-là et constamment oubliées d'une certaine attention aux manières d'êtres vivants.
Probablement issue d'un des berceaux de l'humanité de l'Ouest africain, cette hache taillée en grès possède des caractéristiques du matériel acheuléen découvert depuis la mission Monod en 1934 dans l'Adrar mauritanien,  région où toutes les phases de l'évolution des civilisations sont lisibles, depuis le Paléolithique jusqu'au Néolithique au travers des sites d'El Beyyed ou des récentes découvertes des sites Yeslem II et Yeslem III.
Cette pierre est en réalité une idée: la matrice originelle de l'habilité humaine à former des outils, des artefacts, ou, pour le dire le autrement, cette essence qui fait de nous des artistes capables de « cette convergence entre la recherche de la connaissance et le sentiment de la beauté du monde » comme le dit ailleurs Augustin Berque.
Au degré zéro de la transformation, le fortuit s’expose ici comme l'art combiné de la nature et de l'intention. La seule conscience d'un usage possible de la pierre suffit à en faire une œuvre. L’immixtion de la beauté vient ensuite, lorsque le vertige qui s’empare de nous appréhende ce qui nous sépare et nous unie à l'humain qui -un jour- il y a un million d'années a attrapé un bout de grès et qui, s'appuyant déjà sur un savoir-faire artisanal- en a fait un outil.
Et le support d'une beauté.