
Remarquable vase par Colette Gueden pour Primavera, France (vers 1945-50)..Outstanding vase by Colette Gueden for Primavera, France (circa 1945-50)
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Colette Gueden (1905-2000) pour Primavera (1912-1972)
Remarquable vase légèrement bilobé
Faïence
Modèle à décor tournant d'émaux en frise de bleu et vert spiralée
Un modèle semblable portant le monogramme de Colette Gueden est intégré à la collection du Printemps (voir bibliographie)
Manufacture de Saint-Leu-la-Fôret, Île-de-France, France
Vers 1945-50
Dimensions
H 44 cm x Ø 20 cm
Condition
Excellent état (fond percé pour un possible montage en pied de lampe)
Bibliographie
Modèle similaire référencé et reproduit in Augustin David, Jean-Louis Gaillemin, Céramiques de l'Atelier Primavera 1912-1960, Éd. Le Passage, Paris, 2015, pp. 119 et 3e de couverture
Modèle similaire référencé et reproduit in Alain-René Hardy, Gérard Tatin, Primavera, l'Atelier d'art du Printemps, 1912-1972, Éd. Faton / Vingtième Plus, Paris, 2014 p. 395
Pour en savoir plus sur Colette Gueden: Primavera, l'éclosion de la céramique moderne, Galerie Anne-Sophie Duval, Paris, 2013.
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Colette Gueden (1905-2000) for Primavera (1912-1972)
Remarkable slightly bilobed vase
Earthenware
Model with rotating glaze decoration in a blue and green frieze
A similar model bearing the monogram of Colette Gueden is included in the Printemps collection (see bibliography)
Manufacture of Saint-Leu-la-Fôret, Île-de-France, France
Around 1945-50
Dimensions
H 44 cm x Ø 20 cm
Condition
Excellent condition (drilled base for possible mounting as a lamp base)
Bibliography
Similar model referenced and reproduced in Augustin David, Jean-Louis Gaillemin, Céramiques de l'Atelier Primavera 1912-1960, Éd. Le Passage, Paris, 2015, pp. 119 & 3rd cover page
Similar model referenced and reproduced in Alain-René Hardy, Gérard Tatin, Primavera, l'Atelier d'art du Printemps, 1912-1972, Éd. Faton / Vingtième Plus, Paris, 2014 p. 395
About Primavera see also: Primavera, l'éclosion de la céramique moderne, Galerie Anne-Sophie Duval, Paris, 2013.
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Cette œuvre fait partie de notre focus Primavera : il faut toujours un hiver pour bercer un printemps dont voici un extrait:
L'ultime étape de notre traversée convoque celle dont le nom est durablement associé à une autre heureuse époque de Primavera : Colette Gueden (1905-2000). Si cette figure nécessite encore d'être éclairée convenablement, rappelons néanmoins ici qu'elle fut d'abord, à partir de 1927, une des collaboratrices de René Guilleré prenant la suite des premières figures tutélaires que furent Madeleine Sougez, Paule Petitjean et Claude Lévy. À la mort de Guilleré en 1931, Gueden gagne probablement en importance, mais c'est seulement à partir de 1934 que son nom est véritablement mis en avant par Primavera lors du Salon des Artistes Décorateurs. Peu à peu, Gueden imprime sa marque, la voix de Primavera chante autrement sous son influence et les approches qui avaient fait le succès de l'Atelier de création durant le faste de l'Art Déco se recomposent autrement.
Colette Gueden va tourner volontairement son attention vers un nouveau centre de production qui satisfait davantage à ses attentes esthétiques que les anciens partenaires, la fabrique maison, à Sainte-Radegonde ou celle du sous-traitant CAB à Caudéran. Colette Gueden renforce ainsi son implication sur le site de la manufacture de Saint-Leu-la-forêt non loin de Paris, où elle trouve un contexte porteur, attentif à ses envies et aux possibilités techniques ambitieuses qu'elle entend mobiliser.
Le vase que la galerie stimmung présente aujourd'hui est un des chefs-d'œuvre que Gueden a pu imaginer dans cet atelier à sa mesure. Nous sommes dans la fièvre de la Libération, Primavera, comme toute la scène artistique, a été violemment marqué par la guerre, d'anciens animateu.rices de l'atelier sont décédé.es, le monde au sortir du conflit n'est plus celui qu'il était, un présent a produit l'horreur. Certain.es cherchent à rompre avec un Occident qui malgré les déclarations pacifistes de bon ton, fait mine d'ignorer ce qu'il a engendré et laissé être. Les résonances sont violentes pour une jeunesse pour laquelle il y a un besoin impérieux d'imaginer de nouvelles formes de vie propres à orienter durablement un autre être-au-monde.
La séquence se mobilise à plusieurs allures, d'une part, ceux qui viennent de traverser la guerre doivent réapprendre à vivre sans cette urgence qui, au-delà de sa violence, marque du seau du vrai la quotidienneté. Il y a un demain à organiser.
Symboliquement aussi, s'il s'agit de continuer à vivre, se pose la question d'un comment ? Les expériences sont nombreuses, autant que les motivations qui les suscitent, certains aspects semblent particulièrement saillants pour ce qui concerne les artistes. Certains imaginent une rapport nouveau à la création: cette communauté inventive -une partie de celles et ceux qui se croisent dans les ateliers des Beaux-Arts ou dans la rue- hume que c'est dans une vie simple que s'animera leur espoir d'une pratique qui donne sens à la vie en tenant ensemble l'être et le faire. Ils choisissent d’engager leur propre subjectivité dans une quotidienneté dont ils ne connaissent ni ne peuvent prévoir les conséquences. L’outil qu’utilise le mouvement est le plus efficace : celui de la transformation du quotidien. Beaucoup préféreront pour ce faire le défi des arts décoratifs, le souffle de l'usage contre l'immobilisme et les mondanités du cénacle culturel qu'alimente l’idéologie des Beaux-arts.
Colette Gueden est à cheval sur ces deux mondes, quand la persistance des années 1940 voyait encore le triomphe des décorateurs, du goût à la française, bourgeois et distingué, Gueden plonge dans la décennie suivante, elle regarde les tendances européennes, consciente que l'atelier Primavera n'est plus le conservatoire de renouveau des régionalismes qu'il fût pourtant avec passion jusque-là, mais l'imagine dorénavant comme un espace de création qui doit rivaliser avec ce qui existe de meilleur dans l'Europe céramique.
Notre vase est l'écho précis de cette piste qui aboutira au style Gueden des années 1950. À St-Leu, Gueden peut penser un style d'aujourd'hui pour une jeunesse urbaine en quête de nouveau horizon plastiques et sensibles. Dans le sud de la France, Vallauris se réveille sous l'impulsion de la collaboration Madoura-Picasso et des nouveaux arrivants, Capron, Picault, Derval, Gilbert et Lilette Valentin ou la bande de l'atelier du Tryptique: Francine Delpierre, Albert Diato et Gilbert Portanier. À Accolay en Bourgogne, une communauté invente de nouvelles manière de faire vivre la poterie populaire en se libérant de la domination parisienne. Dans le creuset de La Borne, une nouvelle génération repense le grès et le rapport vital à l'écosystème-Terre sous l'influence des époux Jacqueline & Jean Lerat, d’Élisabeth Joulia, de Vassil Ivanoff, et bientôt d'un remarquable vivier de potiers nourris de radicalité.
Alors comment faire exister Primavera, encore et toujours? Dans ce vase, on saisit avec acuité la passation entre deux époques, tandis que la forme remarquable prête allégeance à la tradition de Primavera hérité des années 1930-40; une sublime et rigoureuse proportion où un bilobé, frais et sûr de lui, tend sa ligne en écho rénové aux flammées des années 1920 et aux formes très dessinées de l'époque CAB; le décor émaillé s'enroule en une large frise richement émaillée, ruisselante, où se fondent le fameux vert Primavera, un vert antique imaginé auprès de CAB dans les années 1930 et les nouveaux horizons visibilisés par Gueden. La jubilation de la Libération doit apparaitre, le ludique du nouveau monde s'exprimer : le feu revendique ses droits, l'émail généreux, coule, se répand, se repaît de la surface qui lui est offert pour déployer une palette sublime de verts et de bleus fusants. Comme dans l'autre exemplaire connu de ce vase, actuellement conservé dans la remarquable collection des grands magasin du Printemps*, la couleur est reine, elle est généreusement étalée, soumise au feu, et le feu est chargé de faire vivre la pièce dans une autonomie nouvelle aussi éloignée que possible des maîtrises techniques qui enflammaient l'entre-deux-guerres.
Un vent de liberté souffle sur l'art céramique, le feu attise au seuil d'une nouvelle période faste pour l'art.
Pour découvrir davantage sur l'atelier Primavera, lisez notre article L'autre face de la Lune, le japonisme chez Primavera et regardez les archives de notre exposition de 2015 au Printemps à Paris, Céramiques de l'atelier Primavera (1912‑1960)