Fauteuil paillé, art paysan provençal, France (Fin du XVIIIe / début du XIXe siècle)..Provence Straw armchair, peasant art, France (Late 18th / early 19th century)
Vendu..Sold out
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Travail paysan français
Fauteuil paillé
Dossier à montants fuselés et ornés de barrettes de dossier en volutes affrontées
Accotoirs en volutes surmontant des supports fuselés formant les pieds antérieurs
Montage à chevilles
Noyer mouluré
Assise paillée
Les pieds sont réunis par de fines baguettes d'entrejambe
Provence, France
Fin du XVIIIe / début du XIXe siècle
Cette œuvre est un témoignage rare du savoir-faire paysan qui s'exerçait partout sur la planète jusqu'à l'imposition du modèle industriel occidental.
Se rendre sensible à cette beauté simple, c’est peut-être déjà choisir son camp: celui de la vérité des matériaux, de l'indifférence aux hiérarchies de l'art académique, le camp de ceux qui saisissent la beauté où elle est, comme l'outil d'un rapport au monde.
Dimensions
H 88 x L 57 x P 42 cm / H assise 45 cm
Condition
Bon état, solide malgré le léger mouvement de la structure - usures et nombreuses reprises anciennes (pieds antés, un montant repris)
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French peasant art
Straw chair
Back with tapered uprights adorned with facing scroll back bars
Volute armrests surmounting tapered supports forming the front legs
Dowels mounting
Solid walnut and straw
The feet are joined by thin crotch sticks
Provence, France
Late 18th / early 19th century
This work is a rare testimony of the peasant know-how which was practiced everywhere on the planet until the imposition of the Western industrial model. Becoming sensitive to this simple beauty is perhaps already choosing your camp: that of the truth of the materials, of indifference to the hierarchy of academic art, the camp of those who grasp beauty where it is like the tool of a relationship with the world.
Dimensions
H 88 x W 57 x D 42 cm / H seat 45 cm
Condition
Good condition, slight movement of the structure - wear and many old recoveries (old feet, one amount taken back)
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Cette œuvre est présentée dans le cadre de l'exposition en ligne Le chant du monde, métamorphoses du vrai, deuxième chapitre de notre cycle Forme(s) simple(s).
Pourquoi la galerie stimmung -galerie spécialisée dans l'artisanat des dix-neuvième et vingtième siècle- s'intéresse t'elle encore à l'art populaire?
Comme souvent, poser la question, c'est déjà y répondre. C'est qu'il n'y a pas, dans mon esprit, de rupture intellectuelle entre les mondes qui m'intéressent. Et ce qui relie intimement ces mondes, c'est probablement le terreau que forme un rapport au matériaux et aux gestes que connait l'art populaire ancien et qui fonde l'essentiel des pratiques artisanales qui de la France, au Japon en passant par les pays du nord vont marquer le renouveau des arts décoratifs aux XIXe et XXe siècle.
À titre d'exemple, nous intéresser à ce fauteuil, beauté simple de l'art populaire provençal -par-delà sa beauté- c'est nous donner les moyens de comprendre ce qui fut à l'œuvre dans le design des années 1930-1950, lorsque sous l’impulsion du mouvement folkloriste, Charlotte Perriand, René Gabriel ou ensuite Pierre Chapo reprirent en main la typologie du fauteuil paillé pour lui donner un visage au présent.
Renouant avec un savoir-faire séculaire et presque oublié, cette nouvelle génération d'artisans profite de cette redistribution des cartes pour relire cet héritage.
Sensibles à cette force des matériaux que les anciens vénéraient avec respect et attention, ils trouvent une visibilité inédite, alternative, dans un monde où le plastique et les matériaux de synthèse tendent à s'imposer. Ces artistes vénèrent les rares témoignages matériels qu'ils peuvent croiser et séduisent alors une petite clientèle inspirée capable de saisir cette beauté sauvage sans artifice dont ils veulent réactiver la force.
Le bois devient une trace frappante de ce regard sensible que de rares artisans surent poser sur les forces en mouvement.
Alors la main de l'homme caresse le bois, et, selon l'essence de son choix, elle vise à rendre majestueux les reflets de la maille, le rythme des cernes, les accidents des nœuds, la rudesse de l'écorce.
Chaque pore, chaque fibre devient le pivot d'une relation à l'artiste qui convoque la mémoire d'un été sec, d'un hiver rude, d'une tempête sauvage ou d'un printemps inondé. La gouge et le couteau soulignent, coupent et creusent le bois en une étreinte intime.
Chaque essence dicte ses règles, ses possibles et la partie est toujours serrée pour le sculpteur. C'est bien de sculpture dont il est question.
Le bois ne se laisse pas facilement magnifier, il impose une lecture, demande de l’attention pour se prêter à cette partie de cache-cache avec les souvenirs de sa vie.
Le sculpteur porte son attention sur un morceau, l'observe, le sélectionne et commence alors le ballet des outils pour inscrire ce bois dans une éternité.
Ce faisant il nourri un rapport d'alliance avec "la nature" et s'arme pour le quotidien car l'usage des choses est un usage de soi.