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G.A. Jenkins (designer) - Mouvement de la Reconstruction

Rare paire de fauteuils Linden
Série Tecta Range
Piètement, accotoirs et dossier en bois de frêne lamellé courbé
Assise, dossier garnis de satin damassé rouge brique et blanc
Edition Packet Furniture Ltd ou Thonet ( cf. bibliographie infra, il semble que Thonet France ait également produit ce modèle sous licence d'édition au début des années 1950)

Royaume-Uni
Vers 1948

Dans sa construction, ce modèle est proche de certains modèles édités à la même époque par Eric Lyons pour le même éditeur Packet Furniture mais aussi des modèles de Thonet ou encore des créations suédoises et finlandaises de Bruno Mathsson, Carl Axel Acking, Gustav Axel Berg et Alvar Aalto

Dimensions
H 73 x L 58 x P 66 cm

Condition
Très bon état - garniture d'origine en très bon état , rares traces d'usage

Bibliographie
Ce modèle est conservé au V&A Museum de Londres (Victoria & Albert Museum) sous le numéro d'inventaire W.2-1991
Modèle également publié dans le Journal de l'Ameublement dans son numéro de mai 1953 comme étant édité par Thonet (probablement une licence pour Thonet France)

Par une opiniâtreté obstinée à lire les signes du temps, nous avons soumis ce magistral modèle à diverses recherches.
Rappelant furieusement certains modèles nordiques du début des années 1940, notre paire de fauteuils est en réalité anglaise.

Il nous plonge en plein milieu du renouveau de la Reconstruction et alors que les grands noms aujourd'hui révérés des années 1940 à 1960 sont le plus souvent scandinaves et italiens, il nous donne l'occasion de rappeler la contribution singulière des designers britanniques à cette époque épique.

Au-delà des noms familiers -Ercol, G Plan ou plus tard Ernest Race, Robin Day ou encore Terence Conran- il existe bien des designers britanniques dont le travail annonce la mutation de l'univers domestique dans la Grande-Bretagne d'après-guerre.
Beaucoup de designers et industriels ont subi les désastres de la guerre et trouvent un souffle nouveau dans le cadre du programme Utility (équivalent anglais des programmes diligentés en France par le MRU, Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme), qui permet à ceux dont les maisons avaient été détruites durant le Blitz d'utiliser leurs dotations en rations pour reconstruire et meubler leurs maisons.
Les nouveaux meubles nés de ce souffle, visent un bon design aux ressources minimales.

Le remplacement des meubles sombres, ornés et lourds d'avant-guerre par les modèles simples et épurés de l'après-guerre pourrait ressembler à une déclaration délibérée ou à une tendance mais ce serait nier le caractère d'urgence d'une naissance fondée sur la nécessité.
Des entreprises telles que Scandart, Austinsuite, Elliots of Newbury et Packet Furniture Co. de Great Yarmouth sont rejointes par des designers audacieux tels que Frank Guille, Gordon Russell, G.A. Jenkins ou Eric Lyons pour créer des meubles élégants et fonctionnels, et dont la conception brillante permet une production rapide et un transport simplifié. Ils pensent alors qu'au-delà du drame de la guerre est venu le temps d'un aménagement quotidien accessible au plus grand nombre. Les objets ordinaires devront participer d'une vision éthique du quotidien, d'une intensification du présent fidèle aux enjeux soulevés près d'un siècle avant par leur mentor William Morris et l'idéal de la mouvance Arts & Crafts.

Dans le cadre de la Reconstruction et du programme Utility G.A. Jenkins conçoit le fauteuil Linden en 1948. Il sera produit par Packet Furniture Co. alors basée à Great Yarmouth. Packet est alors à la pointe de la fabrication de meubles proches du renouveau moderniste scandinave ou italien.
En mai 1953 le modèle est publié dans le Journal de l'Ameublement comme étant édité par Thonet. Il semble tout à fait possible qu'une licence d'exploitation ait été négociée par l'éditeur Allemand pour le marché continental.

De par son importance historique, un exemplaire de ce fauteuil est maintenant conservé dans la collection permanente du Victoria and Albert Museum sous le numéro d'inventaire W.2-1991.

Au-delà de ces données biographiques, la matière est là, une construction irréprochable, des matériaux soignés et un dessin sublime et dynamique.
Le modèle métisse une influence italienne avec une suave pensée rationnelle toute nordique. Par la sophistication du dessin, le déhanché de la forme et la beauté du damas de satin qui le recouvre, l’Italie semble à quelques encablures. Bien que différent dans sa ligne, on ne peut s'empêcher de convoquer Bruno Mathsson ou Yngve Ekström pour leur manière suédoise; on songe aussi aux procédés développés quelques années auparavant par Aalto.

Le fauteuil est une ode à la courbe, quelques rares lignes droites secondent un répertoire de courbes et contre-courbes, d'ondulations et de cintrages qui s'appuient de surcroît sur des rapports pleins/vides et une variété de points de vue.
Au final, le confort est au rendez-vous et seule une beauté auréolée d'une grâce subtile semble surgir du milieu de siècle pour nous appeler à un dialogue et à un usage sensible pour notre présent.

Nous remercions de tout cœur Gwen Pilard de la galerie Quindry à Londres de nous avoir orienté vers cette voie et ainsi permis d'identifier ce modèle.

Nous remercions également les animateurs du site Art-utile pour leur aide dans l'identification du modèle comme ayant connu une édition par Thonet.