Vase‑Pichet «péruvien» des Potiers d'Accolay, France (vers 1955)..Preclumbian style Vase‑Pitcher by les Potiers d'Accolay, France (ca 1955)
Vendu..Sold out
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Les Potiers d’Accolay (1945-1989)Vase-Pichet à l'inspiration des céramiques du Pérou Ancien
Faïence décorée d'émaux superposés en camaïeu de violine craquelé
Signature Accolay sous la base
Accolay, Bourgogne
France
vers 1955
Pièce unique
Dimensions
H 25 x L 22 cm
Condition
Excellent état
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Les Potiers d’Accolay (1945-1989)
Stirrup Vase-Pitcher - Old Peruvian Jar style
Faience decorated with purple enamels
Signature Accolay under base
Accolay, Burgundy
France
Circa 1955
Unique artwork
Dimensions
H 25 x W 22 cm
Condition
Excellent condition
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Pour en savoir davantage sur le sens de l'action des potiers d'Accolay, lire notre article.
Imaginé à la fin des années 1950, ce chef-d’œuvre des potiers d’Accolay est un très bel exemple pour raconter brièvement ce pan d’histoire quand, dans la France rurale de l’après-guerre, des artistes réconcilièrent deux formes qui apparaissaient alors irréconciliables : l’esprit libertaire de l’extrême-gauche et une mystique chrétienne. A la fois objet utilitaire et sculpture, cette pièce raconte un biomorphisme français. La forme, tendre et enveloppante est directement inspirée des poteries précolombiennes du Pérou ancien et agit comme un foyer chaleureux à échelle réduite. Condensé de l’inventivité technique et formelle des potiers d’Accolay cette pièce est un chef-d’œuvre et un témoignage pour raconter la mythologie de ces potiers.
La véritable invention d’Accolay, au-delà de l’histoire que vous allez entendre ici, c’est la communauté. Par une mise en commun des moyens et un usage libre de ces moyens, c’est réellement une communauté qui s’inventa dans un petit village de la vallée de la Cure ; une communauté qui fit signature commune sous une entité unique alors que les tempéraments les plus variés allaient se révéler sur les tours et au cœur des cuissons du groupe. En un temps qui savait la valeur d’une éthique de la création, chacun mit de côté son ego et fit œuvre commune, la signature traditionnelle laissant place à une localisation qui suffisait à emporter avec elle une envie de créer ensemble, un être-au-monde commun. C’est cette raison qui fait qu’aujourd’hui, sous cette appellation se dresse un terreau illimité relié par le feu et la sueur à un rêve commun.
L’aventure des Potiers d’Accolay commence à Vaugermain, hameau de Saint-Cyr-les-Colons. Un petit atelier de poterie y existe et quatre jeunes parisiens, élèves d’Alexandre Kostanda, céramiste de renom et professeur au lycée professionnel de Mâcon, s’y sont réfugiés pendant la deuxième guerre mondiale afin d’échapper au STO : André Boutaud, Slavik Palley, Raude et Louis Dangon. Le 26 octobre 1945, rejoints par Féodor Iodtschine (dit Théo), ils s’installent dans une ancienne maison bourgeoise à Accolay, rue de la Poterne, à proximité d’un transformateur électrique. Leurs premières créations sont des boutons vendus à l’unité pour les grands couturiers parisiens notamment Christian Dior qui intègre leurs éléments à sa collection New-Look de 1946.
Au tout début, le groupe d’Accolay ne possède pas de four, il faut monter à Paris pour cuire les premiers boutons, puis revenir à Accolay poser les émaux et repartir à Paris pour la seconde cuisson et la vente. Très rapidement, un petit four est acheté et le succès est tel qu’il faut s’agrandir et accueillir de nouveaux membres : d’abord Elie Barachant le premier tourneur professionnel du groupe, puis Daniel Auger et Jean Dangon. Commence une période charnière. La technique est parfaitement maîtrisée, les ateliers se développent, le succès augmente, d’autres potiers arrivent, comme Hubert Guy. On œuvre à une poterie populaire unissant tradition utilitaire et innovation permanente. Cette période est sans doute la plus riche de l’histoire de la communauté. Sept fours sont à la disposition des créateurs. C’est une période de recherches où des techniques sont expérimentées dans de nombreux domaines : décors en creux dans la masse, engobe (superposition de couches de barbotine et d’émaux de couleurs et de textures différentes et décoration par enlèvement des couches supérieures), émaux (dont les rouges très difficiles à obtenir). Les céramistes font preuve d’un grand talent, chacun apportant son style, ses idées créatives et participent ainsi à l’évolution des pièces produites.
Les décorateurs Raphaël Giarrusso, Georges Pelletier et le sculpteur Pierre Merlier marquent chacun cette période de leur personnalité artistique. Les céramiques sont d’une grande recherche artistique tant sur les décors, tous originaux, que sur les formes qui puisent sans distinction dans le savoir vernaculaire et dans l’avant-garde artistique. La renommée des Potiers d’Accolay s’étend alors au monde entier. Portés par la réputation libertaire et mystique du groupe, beaucoup d’artistes (céramistes, décorateurs, sculpteurs) viennent à Accolay pour créer des œuvres uniques. Les années 80 sonnent le glas de cette aventure. André Boutaud décède en 1980 et l’élan du groupe, privé d’une partie de son âme, s’amenuise. La mondialisation du commerce de la céramique inonde les marchés d’une poterie industrielle à bas prix. La céramique traditionnelle souffre des coûts de main d’œuvre, les ventes baissent et les fabriques ferment en 1983 avant l’arrêt définitif de la vente en 1989 et la liquidation douloureuse.
Aujourd’hui la boucle est défaite, les anciens lieux de vente ont été rasés il y a peu, sans trop d’émotion, et certains des vases monumentaux formant les enseignes des lieux de vente ornent maintenant des ronds-points. On eut rêvé plus bel hommage pour ce qui constitue une des pages les plus stimulantes de l’art céramique des années cinquante. Demeurent leurs sublimes poteries comme un utile appel à se souvenir de cette utopie réalisée.
Bibliographie supplémentaire et sources : potiersdaccolay.canalblog.com et descaves-veron.fr
Imaginé à la fin des années 1950, ce chef-d’œuvre des potiers d’Accolay est un très bel exemple pour raconter brièvement ce pan d’histoire quand, dans la France rurale de l’après-guerre, des artistes réconcilièrent deux formes qui apparaissaient alors irréconciliables : l’esprit libertaire de l’extrême-gauche et une mystique chrétienne. A la fois objet utilitaire et sculpture, cette pièce raconte un biomorphisme français. La forme, tendre et enveloppante est directement inspirée des poteries précolombiennes du Pérou ancien et agit comme un foyer chaleureux à échelle réduite. Condensé de l’inventivité technique et formelle des potiers d’Accolay cette pièce est un chef-d’œuvre et un témoignage pour raconter la mythologie de ces potiers.
La véritable invention d’Accolay, au-delà de l’histoire que vous allez entendre ici, c’est la communauté. Par une mise en commun des moyens et un usage libre de ces moyens, c’est réellement une communauté qui s’inventa dans un petit village de la vallée de la Cure ; une communauté qui fit signature commune sous une entité unique alors que les tempéraments les plus variés allaient se révéler sur les tours et au cœur des cuissons du groupe. En un temps qui savait la valeur d’une éthique de la création, chacun mit de côté son ego et fit œuvre commune, la signature traditionnelle laissant place à une localisation qui suffisait à emporter avec elle une envie de créer ensemble, un être-au-monde commun. C’est cette raison qui fait qu’aujourd’hui, sous cette appellation se dresse un terreau illimité relié par le feu et la sueur à un rêve commun.
L’aventure des Potiers d’Accolay commence à Vaugermain, hameau de Saint-Cyr-les-Colons. Un petit atelier de poterie y existe et quatre jeunes parisiens, élèves d’Alexandre Kostanda, céramiste de renom et professeur au lycée professionnel de Mâcon, s’y sont réfugiés pendant la deuxième guerre mondiale afin d’échapper au STO : André Boutaud, Slavik Palley, Raude et Louis Dangon. Le 26 octobre 1945, rejoints par Féodor Iodtschine (dit Théo), ils s’installent dans une ancienne maison bourgeoise à Accolay, rue de la Poterne, à proximité d’un transformateur électrique. Leurs premières créations sont des boutons vendus à l’unité pour les grands couturiers parisiens notamment Christian Dior qui intègre leurs éléments à sa collection New-Look de 1946.
Au tout début, le groupe d’Accolay ne possède pas de four, il faut monter à Paris pour cuire les premiers boutons, puis revenir à Accolay poser les émaux et repartir à Paris pour la seconde cuisson et la vente. Très rapidement, un petit four est acheté et le succès est tel qu’il faut s’agrandir et accueillir de nouveaux membres : d’abord Elie Barachant le premier tourneur professionnel du groupe, puis Daniel Auger et Jean Dangon. Commence une période charnière. La technique est parfaitement maîtrisée, les ateliers se développent, le succès augmente, d’autres potiers arrivent, comme Hubert Guy. On œuvre à une poterie populaire unissant tradition utilitaire et innovation permanente. Cette période est sans doute la plus riche de l’histoire de la communauté. Sept fours sont à la disposition des créateurs. C’est une période de recherches où des techniques sont expérimentées dans de nombreux domaines : décors en creux dans la masse, engobe (superposition de couches de barbotine et d’émaux de couleurs et de textures différentes et décoration par enlèvement des couches supérieures), émaux (dont les rouges très difficiles à obtenir). Les céramistes font preuve d’un grand talent, chacun apportant son style, ses idées créatives et participent ainsi à l’évolution des pièces produites.
Les décorateurs Raphaël Giarrusso, Georges Pelletier et le sculpteur Pierre Merlier marquent chacun cette période de leur personnalité artistique. Les céramiques sont d’une grande recherche artistique tant sur les décors, tous originaux, que sur les formes qui puisent sans distinction dans le savoir vernaculaire et dans l’avant-garde artistique. La renommée des Potiers d’Accolay s’étend alors au monde entier. Portés par la réputation libertaire et mystique du groupe, beaucoup d’artistes (céramistes, décorateurs, sculpteurs) viennent à Accolay pour créer des œuvres uniques. Les années 80 sonnent le glas de cette aventure. André Boutaud décède en 1980 et l’élan du groupe, privé d’une partie de son âme, s’amenuise. La mondialisation du commerce de la céramique inonde les marchés d’une poterie industrielle à bas prix. La céramique traditionnelle souffre des coûts de main d’œuvre, les ventes baissent et les fabriques ferment en 1983 avant l’arrêt définitif de la vente en 1989 et la liquidation douloureuse.
Aujourd’hui la boucle est défaite, les anciens lieux de vente ont été rasés il y a peu, sans trop d’émotion, et certains des vases monumentaux formant les enseignes des lieux de vente ornent maintenant des ronds-points. On eut rêvé plus bel hommage pour ce qui constitue une des pages les plus stimulantes de l’art céramique des années cinquante. Demeurent leurs sublimes poteries comme un utile appel à se souvenir de cette utopie réalisée.
Bibliographie supplémentaire et sources : potiersdaccolay.canalblog.com et descaves-veron.fr