Marius Bernon (1891-1966) - Centre potier de La Borne
Vase pique-fleurs sculptural
Forme simple fermée à profil ovoïde, rythmée par un décor striée
Grès pyrité de la Borne émaillé à la cendre
Signature au cachet «M. Bernon La Borne (Cher)» sous la base
La Borne, Cher
Haut-Berry, France
Vers 1930
Dimensions
H 19 x Ø 16 cm
Condition
Très bon état
La famille Bernon est une charnière dans le paysage céramique de La Borne.
Marius Bernon fut l'un des derniers potiers traditionnels actifs lorsque quelques têtes nouvelles firent leur apparition autour de la seconde-guerre mondiale. Joulia raconte qu'elle se délectait à le voir tourner malgré son caractère taciturne. Avec Armand Bedu, Lucien Talbot, le père Foucher et quelques autres, sollicités dès les années 1930 par le décorateur et collectionneur berruyer François Guillaume, Bernon fait partie des derniers maîtres incarnant aussi bien la poterie de grès utilitaire que le maintien à vif de la tradition imagière qui a fait la renommée bornoise.
En droite ligne du renouveau porté au dix-neuvième siècle par la vigueur de Marie Talbot, des Chameron, de tou.te.s celles et ceux qui ont tracé une manière bornoise, les Talbot, les Foucher et quelques autres artisans de haut lignage servent de matrice aux jeunes. Ils viennent des beaux-arts, rêvent de nouvelles formes ; on ne les comprend guère. Mais on les laisse regarder. On cuit leurs pièces parmi les saloirs pour leur mettre le pied à l'étrier. Un à un, les vieux maîtres vont disparaître tandis que la génération des Lerat, Mohy, Mestre, Joulia ou Kjaersgaard imagine respectueusement un nouvel horizon fondé sur le sens du geste manuel, le respect du matériau et une posture novatrice éminemment respectueuse des traditions qui lui ont permis d'éclore. Ils forment une avant-garde révolutionnaire qui anticipe des enjeux que la céramique contemporaine se pose encore.
Avec eux, le geste du potier se libère de la contingence productiviste ouvrière au profit d'une vitalité plus consciente de son art. Grâce à eux l'imagerie séculaire et la poterie d'art portant son usage renaît à la lumière et manifeste sa posture contemporaine.
Dans cette pièce forte, vigoureuse, le travail de tournage est très maîtrisé et dresse une majestueuse et synthétique silhouette. Le modelé est vif, franc et une de subtiles couverte de cendres sur les striures vient souligner la grâce de la forme pour en magnifier le dessin.