Rare coupe japoniste d'Eugène Lion pour Primavera, France (vers 1915‑20)..Japonisme Bowl by Eugène Lion for Primavera, France (ca. 1915‑20)
Vendu..Sold out
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Eugène Lion (1867-1945)
Rare coupe japoniste déformée
Grès à décor scarifié concentrique et émaillé au rouge "lie de vin"
Gamme de rouge violacé et vert d'eau à l'inspiration de céramiques dites Tobi Seiji au Japon ou Jun-Yao dans la Chine des Song et de Yuan
Signature en toute lettre manuscrite et cachet Primavera
Saint-Amand-en-Puisaye, France
vers 1915-20
Pièce unique
Bibliographie
Voir sur l'artiste, Patricia Monjaret & Marc Ducret, L'art de la céramique à Saint-Amand-en-Puisaye (1888-1940), L'école de Carriès, Editions de l'Amateur, 1997.
Alain-René Hardy, Gérard Tatin, Primavera, l’Atelier d'art du Printemps 1912-1972, Éd. Faton / Vingtième Plus, Paris, 2014.
Augustin David, Jean-Louis Gaillemin, Céramiques de l'Atelier Primavera, Éd. Le Passage, Paris, 2015.
Collection
Collection Eric Appel, NYC.
Dimensions
Ø 22 x H 7 cm
Condition
Très bon état
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Eugène Lion (1867-1945)
Rare japonisme deformed bowl with red iron and copper glaze
Stoneware with scarified and enamelled decoration with purplish red and water green
I the manner of the japanese Tobi Seiji stoneware and of the Jun ware style in the Song and Yuan chinese dynasties.
Handwritten "Lion" signature and Primavera stamp
Saint-Amand-en-Puisaye, France
Circa 1915-20
Unique Artwork
Bibliography
See Patricia Monjaret & Marc Ducret, L'art de la céramique à Saint-Amand-en-Puisaye (1888-1940), L'école de Carriès, Editions de l'Amateur, 1997.
Alain-René Hardy, Gérard Tatin, Primavera, l’Atelier d'art du Printemps 1912-1972, Éd. Faton / Vingtième Plus, Paris, 2014.
Augustin David, Jean-Louis Gaillemin, Céramiques de l'Atelier Primavera, Éd. Le Passage, Paris, 2015.
Collection
Eric Appel Collection, NYC.
Dimensions
Ø 22 x H 7 cm
Condition
Very good condition
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Dès son lancement en 1912, l'équipe de l'atelier de création du Printemps, Primavera, écume la France à la recherche du savoir-faire artisanal. Les grès forment alors une part importante de cette mise en valeur centralisée à Paris. La démarche annonce le vaste mouvement de redécouverte des folklores vivants et éteints des régions françaises mené par Georges-Henri Rivière en vue de la création du Musée des Arts et Traditions Populaires. " L'art du peuple pour le peuple " -comme disait Yanagi presque au même moment au Japon- soulève l'enthousiasme et les liens invisibles et secrets unissant Avant-gardes, Arts populaires et éthique de l'art tendent à se révéler aux esprits curieux.
La dynamique de Primavera, est alors duale, si certains modèles sont dessinés à Paris et interprétés en province par des artisans érudits, d'autres œuvres, fruits de l'imagination d’auteurs fameux, sont simplement repérées et plébiscitées à Paris. Celles-là font l'objet de commandes spéciales bientôt affublées au-delà de la signature de l'artiste d'une marque Primavera...
Eugène Lion est, en ce début du vingtième siècle, une figure essentielle du grès français. Il est le maillon qui relie la génération de Carriès et l'avenir -en germe- du renouveau d'après-guerre.
Né en 1867 dans une famille potière traditionnelle issue d'une dynastie active depuis le dix-septième siècle, il accompagne la puissance du mouvement rénovateur de la poterie en réunissant dans ses gestes et son enseignement des idéaux abreuvés à l'éthique asiatique et la volonté de renaissance du vocabulaire formel local en désuétude.
Lion réactive des formes et des gestes anciens, il innove dans sa palette et les possibles d'un secteur frondeur mais parfois conservateur.
Le "Père Lion" fait montre d'une hospitalité légendaire et offre en exemple discret et passionné ses simples pots, reflets d'une maestria qui rassemble et agrège des forces insoupçonnées et en apparence étrangères. Si son histoire reste à raconter, on mesure son action dans le foyer essentiel que fut la jonction entre Berry et Puisaye. Lion côtoie les derniers représentants de l'École de Carriès, Jeanneney, Pointu, Lee et Pacton mais aussi les potiers traditionnels qu'il connait depuis toujours.
Chose essentielle également, il assure le lien entre son terroir poyaudin et le collectionneur et décorateur François Guillaume qui cherche alors à relancer des formes et la matière d'une imagerie à réinventer autour du vivier historique de l'axe Saint-Amand-en-Puisaye / La Borne. Ce sera lui qui installera Jean Lerat à La Borne dans le sillon de Paul Beyer. Il forme aussi une jeune femme en rupture avec le circuit mondain parisien qui l'a vu naître, une amie de Jean Giono dénommée Jeanne Boutet de Monvel, future Jeanne Pierlot qui avec son époux Norbert et leur communauté de Ratilly vont accompagner les suites du mouvement du grès dans l'après-Guerre. Mais ceci est une autre histoire.
Dans notre pièce, Lion met en scène une recette très personnelle d'émaillage anticipant sur son rouge de cuivre qui lui vaudra une médaille au concours Lépine en 1933.
Nous sommes ici bien avant 1925, date après laquelle Primavera renonce aux grès au bénéfice exclusif d'une nouvelle orientation moderniste et exclut ceux qui ont pourtant fait ses beaux-jours de Lion à Lourioux, en passant par Lucien Arnaud ou Charles Greber.
Sur le modèle nippon, Eugène Lion transforme une déformation en atout, la pièce vibre, ondule, quand en surface, les effets de fusion et les émaux s’interpénètrent en fécondes coulures de vert d'eau sur lie-de-vin déployées sur un tracé concentrique. L'effet est saisissant et l'harmonie des plus heureuses. L'art de la poterie est comme condensé en une simple coupe qui mobilise dextérité, aléa du feu, souffle vibratoire et terrain symbolique. On y sent une relecture personnelle et incantatoire des effets des céramiques chinoises Jun-Yao des dynasties Song et Yuan ou des fameux émaux Tobi Seiji du Japon.
L'œuvre n'en est pas moins française, directement née du creuset poyaudin, exemplaire forcément unique d'une pénétration des perceptions qui irriguent l'œuvre de Lion et qui tel un sésame, sonne comme une révélation à ceux qui ont fait de la céramique un des angles pour lire les signes du temps.