Pour François Cheng, « le rocher est cette substance qui contient la flamme et les remous de l’Origine ».
Partageant cette évidence, l'art des pierres de Lætitia Jacquetton manifeste le sublime de l'ordinaire.
Bienvenue dans une quête d'attention et de beauté quotidienne comme nous les aimons tant à la galerie stimmung.
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Photographies des œuvres par Léang Seng
« Tu apprendras davantage des bois et des pierres que de tout enseignement des maîtres »
Saint Bernard
Depuis un temps qui se rit de tout comptage, elle dérive.
Pâte ou épiderme des entrailles de la planète, poussière agglomérée, argile figée, cristallisation sélective; la tension du monde a dessiné son être, sa forme et sa trajectoire. Les forces telluriques, la gravité, la mousse ou le lichen qui s'est lové à elle, le ruissellement des saisons, les pas de l'animal qui l'ont déstabilisée, le gel qui l'a dérobée à sa gangue, la main qui l'a caressée et emportée ont tous dessiné sa lente course jusqu'à cet instant.
Elle aurait pu dévaler une pente, s’user dans l’usure du monde, devenir gravier, filer vers l'immensité océane, s’agglutiner au creux d'un méandre ou dans l'entrave d'un barrage de béton, ou bien redevenir poussière, mais elle a croisé le regard d'une homo sapiens qui allait faire obliquer son arpentage du cosmos.
La voilà donc cueillie. Dans la montagne, au bord des remous d'une rivière, au creux d'une ravine, sous le flux vif et glacé d'un ruisseau sans nom, la pierre, est dorénavant au creux de mains attentives qui s'inquiètent déjà de cet arrachement. Leurs égards sont à la hauteur de cette responsabilité. Elles n'étreignent pas des gemmes, des roches rares et singulières mais de simples cailloux que le regard décèle et descelle non sans appréhension.
Ces mains amantes des cailloux appartiennent à Lætitia Jacquetton. Elles chérissent de simples pierres, de celles dont parle merveilleusement Roger Caillois: « Je parle de pierres qui ont toujours couché dehors ou qui dorment dans leur gîte et la nuit des filons. Elles n’intéressent ni l’archéologue ni l’artiste ni le diamantaire. […]
L’architecture, la sculpture, la glyptique, la mosaïque, la joaillerie n’en ont rien fait. Elles sont du début de la planète, parfois venues d’une autre étoile. Elles portent alors sur elles la torsion de l’espace comme le stigmate de leur terrible chute. Elles sont d’avant l’homme ; et l’homme, quand il est venu, ne les a pas marquées de l’empreinte de son art ou de son industrie. Il ne les a pas manufacturées, les destinant à quel usage trivial, luxueux ou historique. Elles ne perpétuent que leur propre mémoire.[…]
Je parle des pierres que rien n’altéra jamais que la violence des sévices tectoniques et la lente usure qui commença avec le temps, avec elles. […]
Je parle de pierres plus âgées que la vie et qui demeurent après elle sur les planètes refroidies, quand elle eut la fortune d’y éclore. Je parle des pierres qui n’ont même pas à attendre la mort et qui n’ont rien à faire que laisser glisser sur leur surface le sable, l’averse ou le ressac, la tempête, le temps.
L’homme leur envie la durée, la dureté, l’intransigeance et l’éclat, d’être lisses et impénétrables, et entières même brisées. Elles sont le feu et l’eau dans la même transparence immortelle, visitée parfois de l’iris et parfois d’une buée. Elles lui apportent, qui tiennent dans sa paume, la pureté, le froid et la distance des astres, plusieurs sérénités.
Comme qui, parlant des fleurs, laisserait de côté aussi bien la botanique que l’art des jardins et celui des bouquets – et il lui resterait encore beaucoup à dire – ainsi, à mon tour, négligeant la minéralogie, écartant les arts qui des pierres font usage, je parle des pierres nues, fascination et gloire, où se dissimule et en même temps se livre un mystère plus lent, plus vaste et plus grave que le destin d’une espèce passagère.» (Pierres, 1966)
Éthos
Pour rencontrer les pierres, Lætitia a veillé sur son regard d'enfant, sur cette lucidité enthousiaste propre à ceux qui se laissent surprendre par le banal. Elle conserve de l'enfance cette faculté à l'émerveillement devant une beauté qui vous gorge de joie sans qu'elle soit liée à une maitrise. Ses mains et son regard sondent depuis longtemps des territoires et collectent cette beauté propre, infaillible, immédiate, qui ne doit de compte à personne. Elle recherche ce qu'elle appelle des « pierres silencieuses», des cailloux qui sont néanmoins la manifestation de l'inconsistance des frontières que l'humanité a dressé entre elle et une "nature" qui lui serait extérieure.
Depuis les premiers cailloux de l'âge tendre, jusqu'aux pierres qu'elle collecte aujourd'hui, le même souffle curieux ventile. Les pierres lui rappellent -comme Élisée Reclus l'écrivait- que semblables au ruisseau qui s'enfuit, nous changeons à chaque instant; notre vie se renouvelle de minute en minute, et si nous croyons rester les mêmes, ce n'est que pure illusion de notre esprit. Comme elles, nous sommes nature et partie du souffle vital et ininterrompu de la nature. Laetitia semble postuler qu'existe -dans et à travers les cailloux- «une beauté générale, antérieure, plus vaste que celle dont l'homme a l’intuition, où il trouve sa joie et qu’il est fier de produire à son tour. Les pierres - non pas elles seules, mais racines, coquilles et ailes, tout chiffre et édifice de la nature - contribuent à donner l’idée des proportions et lois de cette beauté générale qu’il est seulement possible de préjuger. Par rapport à elle, la beauté humaine ne représente sans doute qu’une formule parmi d’autres.» (Roger Caillois)
Aujourd'hui, elle écume principalement les Cévennes, mais lorsque ses pas l’emmènent ailleurs, sur les contreforts de l'Etna, aux minérales Canaries, ou dans la granitique Suède, elle ne s'interdit pas d'y collecter les quelques spécimens qui susurrent à son oreille.
Ce que Lætitia Jacquetton recherche, c'est à faire vibrer ensemble -à harmoniser- plusieurs énergies en apparence éloignées. Celle de la pierre en elle-même et ce que le caillou lui évoque, la rencontre qui s'opère avec lui à la collecte, et l’énergie qui la lie à celui-ci dans le travail du verre.
Son geste est donc celui de la rencontre intime de plusieurs mondes, celui du tellurique, d'une beauté ordinaire qu'elle veut saisir et célébrer, et celui du feu et du savoir-faire séculaire qui en dompte la puissance. Cette alliance, c'est aussi la rencontre de plusieurs temporalités qui cohabitent et se révèlent dans la pratique qu'elle ménage.
Tout commence donc par un rapport ancien à l’immesurable du non-humain, à l'espace inhabité de l'érème. Dans ses œuvres, le temps géologique incommensurable du minéral rencontre les promesses hourdies dans la flânerie du promeneur «Si, dès mes premiers pas dans la montagne, j'avais éprouvé un sentiment de joie, c'est que j'étais entré dans la solitude et que des rochers, des forêts, tout un monde nouveau se dressait entre moi et le passé; mais, un beau jour, je compris qu'une nouvelle passion s'était glissée dans mon âme. J'aimais la montagne pour elle-même. […] j'aimais tout de la montagne, jusqu'à la mousse jaune ou verte qui croît sur le rocher, jusqu'à la pierre qui brille au milieu du gazon» disait déjà Élisée Reclus.
L'opération de collecte est prétexte à une dérive souvent solitaire, qui est le moment d'une certaine attention à l'espace, aux sons et à tout ce qui compose les alliances qui sont l'essence de toute nature. Le choix de Lætitia découle de cette attention. Au fil de ses déambulations, elle forme d'abord de petits tas constitués des pierres qui ont attiré son attention. Un choix -un criblage- s'opère ensuite, drastique, fantasmatique et dûment contingenté aussi par le banal, par la simple faculté à porter ces précieux cailloux.
Les pierres qu'elle a rapportées, elle les manipule, les inspecte, elle développe envers celles-ci des égards insoupçonnés pour en discerner les contours, pour en faire l'expérience, pour les connaître et vivre un temps avec elles.
Peu à peu une intimité s'installe qui lui permet d'entrevoir l’alliance étrange qu'elle veut orchestrer. Le temps du minéral, délogé du cycle géologique, poursuit sa confrontation à d'autres temps, il étreint la contemplation du songe, le temps suspendu de l'apprivoisement et de l'intime.
Energeïa
La suite de son travail ouvre encore d'autres temporalités. Voici deux ans qu'elle a eu le désir de souffler des contenants en verre à partir des pierres qu'elle aime tant. Il s'agit d'une approche qui convoque les textures du minéral comme terrain de jeu, comme surface qui nous relie aux « remous de l’Origine».
Cette idée, qui peut paraitre contre-intuitive est le fruit d'un mouvement où s’opère diverses tensions. L'alliance que Lætitia Jacquetton projette en soufflant du verre sur le minéral croise d'abord les tensions propres aux matières elles-même. « Quand on arrive au four, les choses se joue en quelques secondes » dit-elle, tous les fantasmes et rêves perlés qui l'habitent depuis la collecte se résument en un moment extrêmement ramassé. C'est aussi le temps où se rédime peut-être le heurt que fut le ramassage. À la froide et rudérale présence du caillou, Lætitia confronte la mollesse incandescente du verre en fusion.
Le verrier cueille à son tour sa matière, le verre malléable, pour souffler un discret contenant, vase ou coupe qui vient exister sur la rugosité de la surface minérale. La rencontre est aussi fugace que violente, elle voit se lover le fragile et l'incroyablement résistant, un entremêlement de précarité et de ténacité. La pierre crépite, explose parfois, troublée dans sa quiétude silencieuse par l'impromptue rencontre. La fugacité de l’instant est aussi une révélation « Les dés sont jetés, le verre imprime tout, il ne pardonne pas » prévient l'artiste.
Le vocabulaire est difficile à tenir: le soufflage imprime-t'il la pierre? la pierre empreinte-t'elle le verre? Ce qui se joue, c'est peut-être la manifestation d'une expérience singulière, l'abolition temporelle et plastique de prétendus écarts entre nature et culture, entre l'érème -la "nature" indemne- et l'écoumène -l'espace habitable- selon la terminologie employée autrement par Augustin Berque.
Tout en restant indépendants, verre et pierre se révèlent capable d'une union. À cet instant du soufflage, les tensions se réalisent, elles hurlent puis se taisent pour retrouver une quiétude qui semble, elle, bien évidente. Tel un lichen, le verre semble en adhérence à la pierre, il se repose sur elle et en elle, en fait son point d'équilibre. Pour autant, il en demeure comme affranchi, et doit trouver sa propre autonomie.
Pour mener à terme cette alliance trop incertaine, Lætitia a dû apprendre et se faire épauler. Elle a poussé la porte de plusieurs ateliers verriers, se confrontant d'abord à des doutes compréhensibles. Il faut dire que cette alliance espérée entre le minéral d'un cosmos démiurge et le minéral maitrisé qu'est le verre est une difficulté pour des artisans formatés au cadre verrier peu enclins à renoncer aux attributs classiques de la virtuosité. Lætitia explique que « l’hérésie pour les verriers porfessionnels est de devoir dépouiller le travail des falbalas, de renoncer aux attributs de la virtuosité, la difficulté est de chambouler leur notion du beau. Si je leur apportais du marbre de Carrare, ils le respecteraient naturellement. Pour eux mes cailloux sont vulgaires, voilà le défi et la difficulté pour moi, déplacer la notion du précieux.» Confrontée à l’aide impérative d'un savoir-faire professionnel seul capable d'expérimenter pratiquement, Lætitia mène donc avec humilité son apprentissage du soufflage, «il faut une vie pour être un souffleur d’exception» rappelle-t'elle, «en attendant, ça n'est pas grave, je fais comme je peux, avec l’aide de professionnels». En assumant sa position intuitive, ses erreurs des débuts ont même ouvert des espaces que la virtuosité entrave trop souvent. Il semble que la fraîcheur du regard de Lætitia lui a permis d'esquisser une rencontre singulière que les ouvriers du verre, enclins à condamner de principe ce qui s'exprime hors des processus habituels, ont d'abord refoulé. Cet amateurisme -au sens de la pratique non instituée de celui qui œuvre par affection- est même la garantie de sa liberté dit-elle, une licence « à y aller », dégagée des freins forgés par les interdits anciens, tout en étant guidée par d'autres certitudes contenues dans ces mêmes gestes séculaires. L'amateur est libre, il peut se tromper mais il sait rêver à l'impossible. Et puis, comme le rappelle Sōetsu Yanagi, théoricien du Mingei, mouvement des arts populaires japonais, dont la lecture a été déterminante pour Lætitia Jacquetton, le beau n’est pas virtuose, il se défie des chemins trop impératifs de la seule technique.
Aujourd'hui Lætitia reste en constante relation avec les praticiens qui opèrent sous son contrôle ou à l'inverse, qui la guident lorsqu'elle est à même de souffler seule. C'est un moment particulier qui sonne souvent comme l'écho de la tension qui se joue déjà dans les matériaux. Sous le regard bienveillant de ceux qui ont su lui faire confiance- se concrétise pas à pas ce qu'elle a hourdi avec passion dans le toucher des pierres.
Ce qui émerge alors de cette rencontre délivrée dans l'instant du soufflage est probablement le centre dérobé du travail de Lætitia Jacquetton. L’alliance qu'elle a mûrement appelée de ses vœux s'épanouit avec une évidence plastique qui ne donc doit rien à la facilité. Les ratés sont légions, le verre comme la pierre sont soumis à rude épreuve, la façon exige du verre qu'il accepte des tensions inhabituelles, qu'il tolère des intrants que le métier considère habituellement comme des impuretés ou même des défauts (bulles, inclusions, effet de "corde"). Tous ces aspects spontanés, assumés dans l'immédiateté du geste de la rencontre explosive entre les matériaux, leur minéralité propre, participent à l'union tant recherchée par Lætitia. Les gestes accouchent enfin d'un fruit inespéré.
Ebben
Il y a bien accouchement.
En hébreu le mot ebben qui signifie caillou, se décompose en ab et ben, le parent et l'enfant. Dans la tradition juive, poser une pierre sur la tombe d'un être aimé est ainsi devenue une manière de marquer sa filiation. Par-delà cette fausse coïncidence -de celles que le faire révèle- il me semble que les œuvres de Lætitia sont elles aussi des déférences. Elles témoignent d'une perception de l'humanité inscrite dans une filiation plus qu'humaine, d'une appartenance commune et irréductible à des temps multiples enchâssés: temps géologique et temps multiples des vivants, interférence entre l'incommensurable de l'éon et le fugace du geste artisanal.
Il y a bien ici un geste spéculatif, symbolique qui résonne avec le tournant non-humain -cette rupture d'avec l'anthropocentrisme et le dualisme corps/esprit hérités de la Modernité- que la recherche pluri-disciplinaire de notre présent nous permet aujourd'hui de saisir davantage. Lorsque l'humain se pense comme individu, à part dans le vivant, il ignore qu'il est lui-même monde, qu'il est un biotope -un espace habité par des millions d'autres vivants, il nie qu'il s'inscrit à son tour dans une Terre elle-même animée de l'interdépendance de l’entièreté de l'existant.
Qu'ils soient le fruit de la recherche anthropologique, de la philosophie, de la sociologie, des sciences du vivant ou -comme ici- de l'art, les gestes qui concourent à en prendre conscience sont essentiels à notre présent. Ils sont des changements d'échelle qui sont toujours des changements de perspectives pour les futurs désirables qui se dessinent maintenant.
Si Lætitia affirme qu'elle raconte une « histoire qui se joue malgré (elle) », je crois qu'il est plus juste de dire qu'elle raconte à sa façon une histoire qui se joue depuis toujours avec tout l'existant, elle est l’intermédiaire de puissances à l'œuvre dans des choses et des temps qu'elle articule et expose à ses semblables.
L'essence de son travail consiste à « faire honneur à la pierre », au cosmologique qui se joue en elle. Pour Lætitia, le verre est l'attribut de cette célébration, la forme de ses bulles, de ses vases, est définie par la pierre, la pierre est l’œuvre que sublime un verre pensé comme la germination née de ses contours. La rondeur d'un bourrelet, la tension d'un col, le plissé d'un mouvement, c'est toute la dynamique du soufflage qui s'en trouve repensée. Le verre n'est pas que soufflé du dedans et modelé du dehors ou même support d'un décor qui le met en lumière, il est contraint par la pierre, voué à son service et à ce qu'elle peut révèler par l'entremise de la sobriété, de la souplesse et de la transparence verrière.
De ces circonstances, découlent un jeu de lumière et de modelé que la mollesse du verre en fusion vient figer pour le temps humain.
La zone de l’empreinte verre/pierre laisse apparaître un paysage dans lequel résonnent la brillance de l’eau de la rivière, le flou des remous, les reflets diffractés du soleil qui pénètre les flots et ses insaisissables déformations. S'y déploie une esthétique ambivalente de l’humide et de l'adhérence, humidité suggérée par la brillance liquide du verre et adhérence du verre aux infractuosités de la roche. C'est un microcosme, c'est probablement aussi la zone la plus émouvante, là où s’éprouve la réunion de ces deux matières, la symbiose des rugueuses opacités et de la transparence de minéralités lovées l'une à l'autre, la symbiose du fugace et de l'immuable, la symbiose du mouvement et de l'immobilité.
C'est la manifestation de l’espace. Vide ou pan de l'imaginaire au dessus de la pierre, le « nuage » vitreux auréole le minéral. il est l'incantation du flux vital du cycle de l'eau tel que le décrivait avec splendeur Élisée Reclus dans son histoire d’un ruisseau, "(c')est l’histoire de l’infini. Ces gouttelettes qui scintillent ont traversé le granit, le calcaire et l’argile ; elles ont été neige sur la froide montagne, molécule de vapeur dans la nuée, blanche écume sur la crête des flots ; le soleil, dans sa course journalière, les a fait resplendir des reflets les plus éclatants ; la pâle lumière de la lune les a vaguement irisées ; la foudre en a fait de l’hydrogène et de l’oxygène, puis d’un nouveau choc a fait ruisseler en eau des éléments primitifs. Tous les agents de l’atmosphère et de l’espace, toutes les forces cosmiques ont travaillé de concert à modifier incessamment l’aspect et la position de la gouttelette imperceptible ; elle aussi est un monde comme les astres énormes qui roulent dans les cieux, et son orbite se développe de cycle en cycle par un mouvement sans repos. "
Dans ce mouvement sans repos, toutes les pistes arpentées par Lætitia Jacquetton importent. Elles ouvrent le sens du merveilleux grâce auquel palpite l'épaisseur véritable de vies où cohabitent des temps multiples, des temps sans maîtres. Dans le chemin de la beauté qu'elle célèbre, ce qui importe vraiment, c'est ce qui est déjà-là que vient seulement sublimer ce qui s'y ajoute pour le révèler: ce que Lætitia humait dans la simplicité primordiale de sa rencontre avec la pierre et qu'elle partage ainsi.
Au terme de ce périple, c'est le silence, la déférence qui pointe dans chacun des détails de l'alliance exposée.
Un silence qui ne doit compte à personne, un silence d'où surgit -au hasard de l’ambiguïté des temps entrecroisés- la seule vraie matière de son œuvre, la tendresse des pierres.
Je remercie Lætitia de sa confiance, Olivier et Vincent d'avoir mis Lætitia sur mon chemin.
Merci à Marion pour la joie du voisinage et d'avoir un beau matin attiré mon attention sur l'ebben hébraïque et le ferment qu'il recèle.
Ce beau titre a été emprunté au superbe récit de Marion Fayolle et son sens librement déporté dans cet emprunt, merci à elle.