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Une étoile se détache et entre par la fenêtre..A star breaks out and enters through the window

Expositions..Exhibitions

La vérité d'un témoignage n'a rien à voir avec ce qui est dit prévient le philosophe Giorgio Agamben, le témoignage est toujours vrai, il se donne ou ne se donne pas, tout simplement.
La galerie stimmung cherche depuis son origine à rendre palpable ce dont témoignent les choses. Il s'agit toujours de saisir ce qu'une qualité d'attention aux gestes, aux pratiques, aux usages, aux prises avec les objets, révèle de nos manières d'exister. Cette attention porte en elle la puissance d'intensification des affects qui y circulent, car dès lors les relations que nous tissons avec ce qui compose nos mondes s'en trouvent nécessairement questionnées, enrichies, nourries, et rendues plus sensibles.

La collection dévoilée aujourd'hui procède de cette démarche, car si chacun des objets qui la compose implique l'usage d'une chandelle, ils suscitent surtout un questionnement sur l'idée de lueur et sur ce dont témoigne cet usage particulier de la lumière.

Existe-t-il dans la flamme d'une chandelle quelque chose comme une qualité de lumière ? De quoi, le cas échéant cette qualité est-elle faite? Quels rôles cette lumière joue-t-elle dans nos vies, dans les espaces que nous habitons?

Guidés par l'expérience et les usages de la flamme dans les cultures du Nord de l'Europe, arpentons ensemble l'imaginaire de la flamme.

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Photographies des œuvres par Léang Seng



«Lumière éteinte
Du ciel limpide une étoile se détache
Et entre par la fenêtre»
Natsume Sōseki

La lumière est une chose qui se médite.
Du Caravage à Gerhard Richter, en passant par Georges de La Tour, de nombreux artistes ont questionné à leur manière la mystique de la flamme, cette symbolique muette qui suggère une présence par-delà l’ineffable. Aussi passionnante soit-elle, cette approche "spiritualiste" de la flamme ou même parfois théologique ne sera pas la nôtre ici.
Épaulé par les regards croisés de l'Orient et de l'Occident, je voudrais plutôt vous emmener en balade dans le clair-obscur fertile de l'automne, là où rayonnent les liens invisibles qui marquent le seuil d'une autre consistance de la vie. Là où le clair et l'obscur sont les deux faces d'une même lumière, une lumière non plus pensée comme un symbole mais comme une matière digne d'intérêt et emplie de qualités propres précieuses à l'artisanat de nos vies.

Depuis des années, je rassemble patiemment et anachroniquement des flambeaux, candélabres, chandeliers et autres bougeoirs qui sont pour moi la source d'au moins deux lueurs: celle évidente du ballet de l'ombre et de la lumière, de la flamme douce et chaude qui éclaire la joie d'une fête, la douceur d'un dîner entre amis et la profondeur d'une veillée.
Celle aussi de la beauté du geste artistique qui s'exerce à porter cette flamme le mieux possible dans une célébration qui dit intuitivement les égards que nous lui accordons.
Il faudrait ajouter à celles-ci une troisième lueur ou plutôt le halo véritable qui entoure les autres: la joie de la relation nouée avec l'objet, tenant ensemble connaissance et sensibilité, faisant l'expérience concrète et renouvelée que «la flamme appelle le veilleur à lever les yeux de son in-folio, à quitter le temps des tâches, le temps de la lecture, le temps de la pensée. Dans la flamme même le temps se met à veiller. Oui, le veilleur devant sa flamme ne lit plus. Il pense à la vie. Il pense à la mort. La flamme est précaire et vaillante. Cette lumière, un souffle l’anéantit ; une étincelle la rallume.»

On the nature of the da(il)y light

Le centre géographique de la collection dévoilée aujourd'hui est situé quelque part entre le ciel et la terre dans les contrées du Nord de l'Europe où la lumière est l'objet d'une attention constante, dans des territoires où sont à l'œuvre des manières d'habiter peu coutumières à l'Europe méridionale et qui mobilisent la lumière comme nulle part aileurs.
Contrairement aux poncifs qui voudraient présenter ces égards singuliers comme une simple contingence devant le manque de clarté des hivers boréaux, la vérité - pour apparaitre - nécessite d'abord un arpentage de toutes les saisons. Et au-delà.
En effet, les manières d'être vivant dans ces espaces entourant la Baltique supposent depuis des siècles une attention singulière aux qualités de la lumières, un attachement profond et intime à cette source de vie dont témoigne à maints égards l'usage heureux et intensif de l'extérieur, été comme hiver. Dans le sauna finlandais, dans le Biike-feuer de l'ancienne ligue hanséatique ou dans la célébration du midsommar suédois, ce qui lie intimement l'habiter nordique à la lumière c'est d'abord l'usage des possibles de territoires ouverts.

L'été, la convivialité s'orchestre en extérieur, dès que les températures le permettent. La jouissance de toutes les composantes de l'espace, baignée dans les jeux de lumières des longs soleils estivaux, devient tout au long du jour le lieu même de l'être. Les jours s'étirent dans un émerveillement que les méridionaux ne connaissent ni ne soupçonnent. Nimbée d'une aura de longue haleine, une luminosité qui ne dure ici qu'un instant fugace, se déploie plus au Nord dans une délicatesse et un froissement du temps (au double sens de la durée et de la consistance atmosphérique) qui semble toujours une épiphanie des rythmes d'une nature plus qu'humaine. Parfois la lumière, devient l'écho d'une tonalité affective, et la flamme de la bougie prend le relais pour faire vibrer les ombres qui semblaient s'allonger sans fin dans le lent crépuscule boréal.
L'hiver, quand le soleil perce, l'espace extérieur reste un terrain de jeu essentiel que seule la rigueur de l'intempérie court-circuite. Le foyer devient alors le cœur d'une autre occupation spatiale où la lumière conserve un rôle très important, et dans cet équilibre entre extérieur et intérieur, la chandelle est encore un auxiliaire essentiel.



Contrairement aux usages exponentiels de l'éclairage électrique dans le monde entier qui voit le règne sans partage d’une lumière crue -exigence de clarté- détachée de sa relation à l'espace, les communautés des régions septentrionales de l'Europe ménagent depuis toujours une relation privilégiée à la flamme et semblent ne s'être jamais coupées de l'usage des bougies. La "manière nordique", par-delà ses multiples particularités régionales, semble toujours conserver la mémoire et le lustre doux des lumières diffuses des crépuscules d'étés ou des veillées hivernales, de ces moments miraculeux où l’on croit voir voltiger devant soi l’âme du temps. L'habiter nordique est donc d'abord une qualité d'attention à la lumière en général, une attention qui fait défaut à bien d'autres communautés humaines et dont nous avons à apprendre.


Le halo est un seuil

Faisons, pour le saisir, un premier détour.  Si beaucoup d'amateurs d'art sont dorénavant familiers des apports fondamentaux des designers scandinaves à l'habitat, chacun ne mesure pas toujours les intrications profondes qui unissent les traditions populaires et l'avènement du design de l'après-seconde-guerre-mondiale. Les créations intemporelles des magiciens du luminaire que furent Poul Henningsen, Paavo Tynell ou Anders Pehrson en témoignent pourtant encore. Dans le monde du luminaire nordique, le rayonnement lumineux est chaud, doux et mesuré et ce style de lumière semble découler fidèlement des enseignements de la chandelle.
Sensiblement à la même époque où, dans son Éloge de l’ombre (In'ei raisan, 1933-34), Jun’ichiro Tanizaki se lamentait avec justesse de l’implacable désenchantement des intérieurs nippons vus à la nouvelle clarté frontale de l'ampoule électrique occidentale, les designers nordiques, imaginaient dans leur Orient européen des modes d’éclairages électriques indirects et de nouveaux usages de la bougie à même de ne pas briser la magie de la flamme.
Si l’éclairage électrique devenait incontournable, s’il devait apporter un confort nouveau à l’habitat, ça ne devait nullement être au détriment de la stimmung particulière des modes d'habiter les maisons scandinaves. Face à la crudité d'un éclat trop vif ou aux couleurs trop intenses qui semble imposer l'architecture à ses habitants et l'éloignent de l'intimité nécessaire à la réflexion, l’enseignement de la flamme semblait salutaire. Il formait même une condition des égards nécessaires à l'intelligence d'une beauté du monde. À l'instar de l'écrivain japonais estimant que la pénombre légère des shoji, les fenêtres de papier, ou celle des lanternes, conditionne une vision de la beauté nippone, l’appréhension nordique de la lumière domestique est toute faite de lumières indirectes, multiples, chaudes, mouvantes. Dans ce geste singulier, ce que cherche à procurer la lumière n'est pas seulement une parade à l'obscurité, ce n'est pas un succédané à l'absence de la lumière solaire mais bien plutôt la continuité d'un rapport emportant la conviction que la vie humaine trouve peut-être sa plus intime expression dans la danse du clair et de l'obscur, dans le jeu de révélation et de fantasmagorie que le vacillement de la flamme d'une chandelle provoque. Il s'agit de supporter l'absence de lumière solaire en habitant la pénombre et non en la combattant. On ne sert pas les dents le temps de l'hiver, l'hiver n'est pas un sous-temps à évacuer au plus vite, il est aussi la matière d'un fécond recueillement dont il reste probablement un souvenir dans le répit inespéré de la trêve hivernale de Noël. C'est comme si la communauté dans son histoire et son présent manifestait une conscience claire et opportune que «dans la flamme, même le temps se met à veiller.» (Bachelard).
La lampe - comme la flamme- sont alors les outils d'un bien-vivre où la lumière structure l'espace, le temps et la possibilité de la parole. Le halo devient le seuil d'un espace où l'échange est possible, et son envers, le retrait, aussi. En ce sens, la flamme (et l'éclairage indirect qui en découle) est un raffinement fugace qui n'appartient ni au monde de la lumière ni au monde des ténèbres, mais où lumière et pénombre se mêlent pour former la scène de l'avènement du possible, la possibilité de tout échange social.
Le clair-obscur devenant l'écrin de ce qui s'y réfléchit.

«Devant une flamme nous communiquons moralement avec le monde.»
Gaston Bachelard



Si la bougie régnait - de fait - en maitresse dans les intérieurs d'autrefois, au cours de la seconde partie du vingtième siècle, les habitants des villes et campagnes du Nord de l'Europe continuèrent à lui ménager une place singulière. Indétrônable, au creux du quotidien, les fenêtres regorgent - depuis lors et encore - de flambeaux, de photophores et autres chandeliers qui illuminent aussi bien les nuits d'hiver, les veillées d'été, que les fêtes religieuses et païennes qui rythment la vie collective.
L'art du laiton qui essaime au Danemark, en Finlande et particulièrement en Suède a vu le développement à la fois d'un art populaire guidé par l'exigence du réel et d'un design qui - en s'appuyant sur ces pratiques millénaires - a pu imaginer un répertoire de formes et d'usages inconnus ou perdus ailleurs.
En s'appuyant sur les richesses géologiques en cuivre, les traditions nordiques vont voir fleurir un art du flambeau - l'art de porter la flamme - où s'illustrent les plus grands designers du vingtième siècle et où s'invente un vocabulaire plastique d'une richesse incomparable dont témoignent les objets présentés ici.

Le laiton est la matière la plus révérée dans cet usage; rayonne sobrement en lui une simplicité autre que la préciosité portée ailleurs en Europe par l'usage de métaux précieux comme l'or en bijouterie ou l'argent massif et le métal argenté en Europe continentale. Lui-même symbole de la chaleur de la flamme, le laiton est plastique, résistant, il se tient aussi bien dans la délicatesse d'une fine membrane que comme l'outil d'une forte et ambitieuse densité. Devenu l'attribut de cette lumière distinctive inscrite dans le cœur nordique, le laiton est un personnage central de la chaude rusticité d'une veillée. Ici encore, rappelons-le, point de nostalgie: une technique (le luminaire électrique) n'implique pas la mise au ban d'une autre (la chandelle), elles se supportent l'une et l'autre dans un usage complémentaire. C'est même l'exigence d'une profonde contemporanéité qui résonne dans cette combinaison paradoxale, car comme le souligne Giorgio Agamben, «la contemporanéité est donc une singulière relation avec son propre temps, auquel on adhère tout en prenant ses distances; elle est très précisément la relation au temps qui adhère à lui par le déphasage et l’anachronisme». En ce sens, la bougie, dans son anachronisme, est même probablement l’expression la plus contemporaine d'un bon usage de la lumière.

«Seul peut se dire contemporain celui qui ne se laisse pas aveugler par les lumières du siècle et parvient à saisir en elles la part de l’ombre, leur sombre intimité.»
Giorgio Agamben



En Scandinavie, plusieurs générations de talentueux artisans et architectes s'abreuvent à des sources multiples et entendent donner un souffle présent aux sagesses des anciennes expériences paysannes. Dès le mitan du dix-neuvième siècle et jusque aux années 1970, combinant relecture des motifs folkloriques anciens et leçon d'élégance des néoclassicismes particuliers à ces latitudes (notamment cette grâce suédoise propre au néoclassicisme gustavien et à son héritage), apparaissent des manières inédites où la rondeur côtoie la ligne droite, où le creux s'expose au-devant du plan et où le dessin naît en délicatesse de principes simples et mesurés que l’usage paysan dicte depuis des temps anciens. Cette modernité toute nordique, dans laquelle personne ne met en défaut le sensible ni ne songe à invoquer de table rase ou d’ode aveuglée à la machinisation, baigne concrètement dans les enseignements immémoriaux de l’habiter ici. Par cette qualité d'attention, par une luxueuse (au vrai sens du terme) combinaison de l'artisanat et de l'industrie manufacturière, par des respirations appuyées sur des détails exigeants, ce courant qui irrigua toutes les sphères artistiques de l'orfèvrerie à l'architecture se distingue par un souci, un désir d'harmonie entre l'objet et l'espace qu'il ouvre. 
Que ce soit dans l'architecture institutionnelle ou dans les sphères domestiques, les formes ainsi créées étonnent tant par leur gracieuse simplicité comme par leur baroques rotondités, chacun de ces objets semble libéré des attaches socio-historiques qui l'assignent, et il est parfois malaisé de les situer dans le temps tant l’histoire de ses formes est faite d'entrelacs, de passerelles branlantes, de ponts grandioses comme de tunnels clandestins.

Les pièces les plus anciennes de cette présentation sont le fruit d’anonymes inspirés et témoignent d'harmonies et de mariages audacieux entre motifs traditionnels paysans et inspiration classique plus urbaine. D'autres pièces aux contours étranges sont aussi le fruit de redécouvertes de la substance du folklore dans l’après-guerre, comme en témoigne l’approche singulière d'un Torbjörn Testad dans l'après-68 qui fait vivre des pièces intemporelles comme les témoins d'un impossible passé.
L’avènement d’un design de la flamme s’opère également via des territoires qui conjugueront des possibilités matérielles, techniques, avec un travail de dessin d’une exigence rare ailleurs. Ainsi de la cité métallurgique de Gusum en Suède, centre industriel lié au cuivre depuis le début du dix-septième siècle, qui entre 1881 et la fin du vingtième siècle expose sous l’égide de la manufacture Gusum Bruk de sublimes objets d’arts en laiton alliant la grâce des formes vernaculaires et la sobriété manufacturière. Y était préservée une idée de l'artisanat du laiton, les objets y étaient moulés au sable, travaillés par tournage et travaillés ensuite pour aboutir au brillant si caractéristique du laiton suédois.
Plus au sud, sur la côte méridionale de Suède, la ville d’Ystad accueille dès 1919 un atelier d’artisanat du laiton et de l'étain - Ystad Metall - dont la sublime production mérite d’être redécouverte. S'y côtoient quelques fameux ornemanistes et designers qui feront sa renommée dans le monde entier notamment grâce au rayonnement des expositions internationales. Parmi bien d'autres esprits attachants, Ivar Ålenius-Björk, Carl-Einar Borgström et Gunnar Ander y officient et dessinent des modèles qui sont l'âme de l'art populaire moderne suédois du vingtième siècle, au point de rencontre entre les traditions vernaculaire et les possibilités techniques du design. La parution en 2020 de l’ouvrage de Jonas Barros Eriksson sur la saga Ystad Metall commence à lever le voile sur ce passionnant répertoire, sans équivalent en Europe.



Ce qui en définitive uni ces anonymes, ces designers, ces fabriques dans la fabrication d'objets d'éclairage par la flamme, c’est l’ambition de soutenir l'expression d'un souci de qualité lumineuse dans l'art domestique. L’umwelt nordique, réside dans cette perception de la lueur si singulière que nous avons encore peine à nous la représenter. Pourtant, si comme l’affirmait le biologiste et philosophe allemand Jacob von Uexküll en 1934, l’umwelt est l’environnement ressenti grâce aux sens développés par un vivant, alors il est certain que ce rapport singulier à la lumière à l'œuvre dans ce monde nordique n’a pas fini de nourrir en qualité, en épaisseur et en sensibilité notre propre capacité à saisir l’importance de la vie dans la lumière et vice-versa.

On l'aura compris, je ne voulais pas tenter ici l'impossible historiographie d'une matière trop éclatée dans le temps et l'espace mais poser quelques pistes pour une autre réflexion de la lumière concrètement incarnée dans les relations que nous créons aux choses, une brèche pour ébranler nos considérations toutes modernes sur l'exigence de clarté dans un monde où paradoxalement les infrastructures qui structurent nos gestes quotidiens semblent toujours plus opaques.
Avec les témoignages que tissent ces objets, ce qui se déploie sous nos sens trop aveuglés, c’est la possibilité d’un habiter plus riche, d’un usage du monde interrogeant nos rapports à la lumière à l'heure de l'exigence numérique, à l'heure du présentisme dominant, à l'heure où les intérieurs ripolinés de l'Occident mondialisé, pâles héritiers d'une sagesse méditerranéenne toujours invoquée mais dont les sources semblent hors de portée, manquent à l’évidence d'une qualité de lumière, d'une consistance lumineuse. En toute matière.
«La vérité, est le contraire de la clarté»  disait non sans malice le physicien danois Niels Bohr lorsqu'au Japon, Tanizaki affirmait que la beauté ne se devine que dans «les choses voilées d'une ombre». C'est tout cela qui résonne dans l'art nordique de la flamme.
Ce qui s'y devine c'est un quotidien dans lequel la lueur, et plus surement le halo qui l'entoure, ouvrent un espace, forment un intervalle qui condense le jeu de l'existence dans l'espace et dans le temps. La flamme est une respiration qui structure le vide; qui donne à saisir l'espace entre les murs de l'architecture, les objets et les situations qui "font foyer" et qui assurent l'alimentation d'un tel foyer. En ce sens, la flamme contient non seulement des passés, mais aussi l'avenir rédimé dans un présent ouvrant un espace sur le temps que l'on s'accorde, elle rend possible la résonance entre le temps et l'espace comme aucune autre lumière.

Ne parle-t-on jamais aussi librement qu'à la lueur d'une bougie ou autour d'un feu?



Au contact de la flamme, apparaissent les contours d'une beauté redécouverte, une beauté - au seuil de l'espace et du temps - où lumière et obscurité se mêlent et se superposent comme halo. Comme espace de la vie commune. Il ne s’agit plus de lutter contre l’ombre et l’obscurité, mais bien de danser avec elles sous l’aile bienheureuse de celles et ceux qui ont réussi de longue date, cette union où cohabitent le vivant et la lumière dans l’harmonie du foyer.

À cette lumière là, ce qui s’imagine c’est une autre épaisseur de la vie, une autre qualité des rencontres et des mots échangés. Son halo désactive un dedans qui voudrait échapper au dehors, il ne s’agit plus d'habiter entre des murs ou d'en combler le volume qui nous couperait du monde, mais au contraire d'habiter littéralement l'espace et le temps où se tisse une vie plus intense.
D’habiter mieux, simplement.

«Un être se rend libre en se consumant pour se renouveler, en se donnant ainsi le destin d’une flamme.»
Gaston Bachelard



Je remercie de tout cœur Charlotte, pour les instants partagés à la lueur d'une bougie (ou pas), pour l'amitié et son attention dans ses relectures.
Merci à Léang Seng pour la confiance avec laquelle nous travaillons ensemble.
Merci à Natsume Sōseki pour les joies dont je lui reconnaissant (et pour son haïku - ici détourné en titre -)

Augustin DAVID, novembre 2021

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