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Pierre Paulin, la poésie en plus..Pierre Paulin, poetry as a bonus

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Focus

« Je suis au service du public, je n'ai jamais rien fait pour choquer. J'aime les choses bien faites, et il faut qu'elles me plaisent. » Pierre Paulin

Retour sur Pierre Paulin à l'occasion de la présentation d'une édition originale de sa célèbre table basse CM191.

 

Pierre Paulin est sans doute l’un des designers français le plus célèbre. Né à Paris en 1927, Pierre Paulin passe son enfance à Laon où il se passionne pour la création manuelle auprès de son grand-oncle Freddy Stoll, sculpteur, et de son oncle Georges Paulin, designer automobile (notamment pour Bentley et Rolls Royce) et inventeur du coupé cabriolet décapotable d'après un dépôt de modèle en 1927 fabriqué par Peugeot.

D’abord tenté par une voie artistique, il commence par se former chez un potier de Vallauris puis à Beaune où il expérimente la sculpture en taille directe.
De retour à Paris, il intègre l'École Camondo en 1947 et en sort diplômé en 1950. Son souci se déplace alors de la création artistique vers les espoirs propres à l’ingénierie industrielle appliquée au domestique. C’est le temps de la Reconstruction et le jeune Paulin est au fait des enjeux soulevés par la génération guidée par René Gabriel et les autres acteurs essentiels de ce temps particulier. Paulin veut faire des formes utiles, du beau pour tous, accessible, pérenne, bien pensé, bien fondé et donc beau selon les axiomes en vigueur.
Le sens des avant-gardes parisiennes de l’Esprit Nouveau autour de Le Corbusier à l’U.A.M. (Union des Artistes Modernes) commence à être digéré et la filiation apparaît avec les nouveaux acteurs de cet après-guerre inédit.


Après avoir poursuivi sa formation auprès du très fameux décorateur-ensemblier Maxime Old, la prise de conscience de Paulin s’incarne lorsqu’il entre au bureau d'études de Marcel Gascoin qui forme plusieurs des acteurs essentiels de la jeune génération d'alors. Dévoué aux préceptes de René Gabriel, Gascoin incarne ce nouveau rationalisme à la française. Passionné de bois, il maintient un haut niveau d’exigence constructive mis au service de dessins novateurs largement empreints des exemples néerlandais, scandinaves et américains.
En 1953, le succès arrive pour Paulin qui entame une collaboration fructueuse avec Thonet France. Remarqué au Salon des arts ménagers il expose en 1953 ses premières créations à la section « Le Foyer d’aujourd’hui ». Ces premiers modèles évoquent alors fortement le travail des américains George Nelson et Florence Knoll ou de l’italien Erberto Carboni mais si Paulin s'inspire, il ne triche point et rend parfois hommage à ce qui le nourrit. Il fait sienne la logique de studio et envisage un travail collectif où l’émulation alimente un travail de groupe orienté vers la naissance d’un mobilier répondant aux aspirations nouvelles de la vie domestique.


C’est peut-être un des points le plus notable du travail de Paulin. Il sait qu’il œuvre avec sa génération à de nouvelles formes de vie. Le rapport au sol évolue, les meubles se font plus légers, plus bas, les lignes simples se pensent dans le volume nouveau de l’habitat d’après-guerre. Avant la profonde remise en question des standards bourgeois durant les années 1960, Paulin participe activement à questionner le rapport au mobilier. Avec lui l’usage est multiple. Le mobilier est vraiment mobile, il pense des multi-fonctionnalités et ce, sans jamais remettre en question la qualité d’exécution ni la beauté des matériaux convoqués. En ce sens ses premières créations avec Thonet France, au-delà de leurs influences notables et assumées forment à l’œil rétrospectif un ensemble très cohérent où s’augurent les bouleversement stratégiques que Paulin va encourager plus tard.

En 1958, la maison d’édition néerlandaise Artifort, basée à Maastricht, décide de s’orienter vers le meuble contemporain et rassemble une équipe de créateurs parmi lesquels figure Pierre Paulin. De 1960 à 1970, Pierre Paulin développe une gamme de sièges faits de coques en bois moulé garnies de mousse Pirelli et habillées de housses préfabriquées en tissu extensible, aux formes souples et arrondies, aux couleurs vives. Parmi ces sièges iconiques : Mushroom (Champignon) Model No. 560, (1960), Tongue chair (Langue) Model No. 577, (1967), Ribbon chair (Ruban) Model No. 582, (1966).



Prenant parti des recherches qui, après-guerre, débouchèrent sur les possibilités nouvelles des mousses expansées (notamment aux Etats-Unis dans l’entourage des Eames mais surtout en Italie par l’entremise d’Arflex et Tecno), Paulin pousse le raisonnement au sublime. Il ne pense plus à camoufler une structure mais pense à une structure secondaire, il sculpte la forme et lui assigne un squelette utile.
Le siège perd ses contours traditionnels (pieds assise, accotoirs, dossier) pour se présenter comme une forme simple, sculpturale et accueillante. Gaetano Pesce n’a pas encore inventé sa série Up où le corps devient matrice mais Paulin songe déjà à ouvrir vigoureusement le champ des possibles.

La suite est dorénavant illustre. Pierre Paulin s’illustre comme décorateur et devient malgré lui -porté par des conseillers bienveillants à son encontre- l’outil d’un pouvoir en recherche d’un discours actualisé et tourné vers le présent. Le design propagandiste essaime et commence son ascension vorace. Paulin sait rester humble et n’est pas celui qui profite le plus de ce design-étendard. Il mène avec délicatesse de multiples aménagements notamment celui du Foyer des artistes de la Maison de la Radio en 1961 mais aussi l’aménagement du pavillon d’honneur de la France à l’Exposition Universelle d’Osaka en 1970 où il présente son canapé Amphys -en bleu, blanc, rouge-, dont le prototype est réalisé par le Mobilier National.

Entre 1968 et 1972 Pierre Paulin participe à l’aménagement de l’aile Denon du Musée du Louvre et se voit confié en 1971 l’aménagement des appartements privés du Président Pompidou à l’Élysée : salle à manger, fumoir, salon aux tableaux. Dans chaque hypothèse il se pose en ingénieur autant qu’en designer. Il prend acte des contraintes et des enjeux très divers. Il répond avec une attention extrême aux exigences multiples sans jamais perdre de vue son élan primordial d’œuvrer simplement à des solutions raisonnables. L’histoire ne dit pas si Georges et Claude Pompidou se sont confortablement vautrés dans l’habitacle qu’il dressa pour eux, mais Paulin lui sait qu’il ose envisager des manières de se mouvoir et de se placer qui remettent en question l’étiquette d’une société bourgeoise en mutation.



En 1975, Paulin renoue avec ses premiers amours et l’idéal d’un design populaire et bon marché. Il fonde l'agence de design ADSA+Partners avec Maïa Wodzislawska et Marc Lebailly, à laquelle Roger Tallon, et Michel Schreiber se joignent en 1984. Il dessine les premiers fauteuils de jardin en résine de synthèse pour Allibert, il participe à la conception d’une nouvelle gamme de produits pour Calor/Tefal et l’agence participe à l'aménagement du Hall départ TGV de la Gare de Lyon ainsi qu’à la réhabilitation de la Gare de Versailles-Rive Gauche.
Il cantonne l’exceptionnel aux commandes spécifiques: en 1983, le Musée des Arts Décoratifs présente la collection de pièces d’ébénisterie qu’il a réalisées dans le cadre du Mobilier National et l’année suivante, 1984, est marquée par l’aménagement du bureau du Président de la République, François Mitterrand.

En 2006, une exposition lui est consacrée lors de la Design Parade 02 à la Villa Noailles à Hyères. À cette occasion est publié aux éditions Archibooks un catalogue raisonné de ses créations. De 2007 à 2008, une grande exposition lui est consacrée aux Gobelins de Paris, ainsi qu'une exposition à la galerie d'Azzedine Alaïa fin 2007.
Les sièges de Pierre Paulin figurent parmi les collections du MoMA à New York, du Fonds national d'art contemporain, du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, du musée des arts décoratifs de Paris, ou du Victoria and Albert Museum à Londres.
La galerie Pascal Cuisinier, spécialisée dans cette génération des premiers designers français dont Pierre Paulin fait partie, présenta également les premières créations de ses débuts, très peu connues du grand public lors de son exposition « 100 sièges français 1951-1961 ».

A l'été 2016, une grande rétrospective lui est consacrée au Centre Georges Pompidou. Nous sommes heureux de présenter cette rare table basse CM 191, jalon important de la première collaboration de Paulin avec un industriel de renom dans l'histoire du design: Thonet.

Devenu légendaire et emblématique, cette table qui évoque certaines des recherches menées par le sculpteur Harry Bertoïa est un morceaux de bravoure, une beauté simple incarnée en un dessin si évident qu’il est d’une rareté confondante.
Avec une simple table Paulin nous offre une leçon de sobriété et convoque une beauté à éprouver quotidiennement. Une manière d'éprouver ce qu'il visait lui-même en disant: «Un meuble doit d’abord être utile à celui qui s’en sert et confortable. S’il y a de la poésie, c’est tant mieux...mais c’est en plus

Nous remercions chaleureusement les archives Paulin pour leur bon accueil et l'utilisation de leur fond documentaire.
© archives Paulin - www.paulinpaulinpaulin.com

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